M. Jérôme Fribourg, vous avez 25 ans et vous êtes sapeur pompier volontaire à la caserne d’Amiens. Pouvez-vous nous raconter cette fameuse matinée du dimanche 27 avril 2003 ?
Bien entendu. J’étais avec mes collègues de l’équipe N°15 et nous revenions de l’Hôpital Sud à Salouel où nous venions de transporter une personne en crise d’asthme….
Excusez-moi, mais pourriez-vous me dire l’heure qu’il était à ce moment-là ?
Il était précisément 5h29, je m’en souviens très bien car mon chef, monsieur Fournou, venait de mettre RTL à la radio de notre véhicule et le présentateur venait d’annoncer l’heure quand nous vîmes cette forme allongée par terre.
Vous nous parlez de cette forme mais où était-elle exactement ?
Il était situé exactement sur le trottoir de droite en bas de l’avenue Foy lorsque l’on revient de l’hôpital Sud.
Alors expliquez-nous vos réactions à ce moment là? Qu’avez-vous pensé? Et qu’avez-vous fait ?
Et bien, il est à noter que c’est moi-même qui aie aperçu le corps inanimé, j’en ai fait part au Chef Fournou qui a pris la décision de s’arrêter.
Mais avez-vous eu peur ?
Il est sûr que dans ce type d’intervention on ne sait jamais sur quoi on va tomber, si vous me permettez cette expression. Et c’est bien évidemment que je ressentais une certaine tension en descendant du véhicule.
Alors qu’avez-vous fait à ce moment là ?
Le chef Fournou m’a chargé de reconnaître le corps. Je me suis donc approché prudemment et j’ai alors pu voir qu’il s’agissait d’un jeune homme vraisemblablement en état d’alcoolémie très avancé. En effet, son blouson était maculé d’une substance dont l’aspect et l’odeur ressemblait fortement à du vomi.
Mais cela est pour vous le « pain quotidien », non?
Oui en effet. Ce qui m’a le plus surpris dans cette prise en charge d’un individu en coma éthylique fut sa tenue vestimentaire….
Ah bon ?
Oui, l’individu était habillé sous son blouson d’un maillot de couleur orange et d’un pantalon vert dont l’assortiment n’était pas du meilleur goût. De plus il portait au poignet un bracelet vraisemblablement fait main avec des petites billes autour d’un élastique. J’en ai fait part au chef Fournou qui m’a expliqué que cet individu devait sûrement être membre d’une association occulte ou de quelque chose du même genre.
Et ensuite alors ?
Et bien avec mes collègues nous avons pris ses constantes (fréquence cardiaque à 52, fréquence respiratoire à 15) puis nous l’avons installé dans un matelas et l’avons porté jusqu’à notre véhicule. Pour avoir été a sa tête durant ce court trajet, je peux vous dire que l’individu présentait une odeur très très particulière et qu’il émettait des bruits peu ordinaires. Une fois installé a l’arrière je suis allé appeler les urgences de l’Hôpital Nord pour leur annoncer que nous leur apportions encore une fois une énième « grosse m.... » qui s’était murgé la gueule et nous somme partis leur offrir ce cadeau.
Merci beaucoup M. Fribourg, une dernière question, l’individu en question s’est plaint le lendemain de la perte d’un collier en pâte à sel et d’une casquette lourdement décorée, vous rappelez-vous les avoir vu près de son corps ?
Dans le cadre de cet intervention, je dois vous dire que vu la crainte inspirée par cet individu, issu probablement d’une secte satanique ou d’un groupe armé (le chef Fournou pense quant à lui que c’est un membre du front de libération de la Moselle, ce qui expliquerait le « M » sur son maillot), nous nous sommes dépêchés de quitter le lieu et de nous débarrasser du corps aux urgences. Nous n’avons donc pas fait attention à ce qui entourait le corps.
M. Fribourg, je vous remercie.